Napoléon III , Empereur des Français (1808-1873), 1855
Franz-Xaver Winterhalter (1805-1873),
Huile sur toile
Musée national du château de Versailles

Portrait d’Otto von Bismarck, 1887 
Franz von Lenbach (1836-1904)
Huile sur toile,
Walters Art Museum, Baltimore

Juillet 1870

La FRANCE Déclare la guerre à la prusse

En 1870, Napoléon III gouverne la France depuis son coup d’État du 2 décembre 1851. Sous son règne, la France est redevenue une grande puissance militaire, économique et diplomatique. 

De l’autre côté du Rhin, la Prusse du roi guillaume et du chancelier Bismarck porte un projet politique clair : réaliser l’unification allemande autour de la couronne de Prusse. Pour cela Bismarck souhaite provoquer une guerre contre la France afin de rallier l’ensemble des états Allemands. 

En juillet 1870, la succession au trône d’Espagne est exploitée par Bismarck pour créer un incident diplomatique avec la France (affaire de la dépêche d’Ems). Malade, manipulé, et mal conseillé, Napoléon III déclare la guerre à la Prusse le 19 juillet 1870. 

Morts en ligne, la bataille de Bazeilles,  1873
Auguste Lançon (1836-1887),
Huile sur toile
Gravelotte, Musée de la Guerre de 1870 et de l’Annexion / Collections musée de la Princerie de Verdun / photo Studio Doncourt

août 1870

l'armée française anéantie

En 1870, l’armée française est réputée pour être la meilleure armée du monde. Cependant, dès le début de la guerre, les défaites s’enchaînent. Dès les premiers jours du mois d’août, l’Alsace est conquise. 

Les troupes françaises se battent courageusement mais doivent faire face à un ennemi deux fois plus nombreux, mieux équipé et mieux organisé. De plus, les régiments sont incomplets. A défaut de carte du territoire national, les troupes françaises combattent au son du canon. La stratégie et la tactique française sont également polluées par des luttes intestines au sein du haut-commandement français. 

Près de Metz, le Maréchal Bazaine a l’occasion d’enfoncer les troupes allemandes durement éprouvées. Cependant,  il décide à l’étonnement général de s’enfermer avec ses 180 000 hommes dans la citadelle mosellane qui est assiégée dès le 21 août.

L’armée française se retrouve coupée en deux. Une partie des troupes est enfermée dans Metz. L’autre partie se reforme derrière la Marne pour tenter de protéger la capitale. 

Napoléon III prisonnier de Bismarck
Napoléon (à gauche) et Bismarck, près de Sedan. D’après le croquis d’un officier allemand.
Über Land und Meer, 25e Vol., n°3, 1870
Gravelotte , Musée de la Guerre de 1870 et de l’Annexion / Staatsbibliothek zu Berlin PK

2 septembre 1870

La chute du second empire

Napoléon III, malade et affaibli, prend la tête du reste de l’armée française cantonnée à Châlons. 

Le plan français est de marcher vers l’Est pour faire la jonction avec les troupes de Bazaine. Cependant, la manœuvre de l’armée impériale est annoncée dans la… presse française (…). Surprises par les Prussiens, les troupes françaises sont repoussées dans la citadelle de Sedan où elles sont assiégées et pilonnées.

Ne pouvant trouver la mort sur le champ de bataille, Napoléon III capitule et se constitue prisonnier auprès de Bismarck. C’est seulement la quatrième fois dans l’Histoire de France qu’un souverain est capturé sur un champ de bataille (Saint-Louis durant la septième croisade en 1250, Jean II lors de la bataille de Poitiers en 1356, François Ier à la bataille de Pavie en 1525).

A Paris, les républicains profitent de la vacance du pouvoir, Napoléon III est déchu et la République est proclamée le 4 septembre au balcon de l’hôtel de ville de Paris. Aussitôt, un Gouvernement de la Défense nationale est formé et décide de poursuivre la guerre.

Départ de M. Gambetta, ministre de l’intérieur, pour Tours dans l’aérostat « L’ Armand Barbès »
La guerre illustrée, n°25, dimanche 19 octobre 1870

7 octobre 1870

Gambetta s'évade de Paris

Au sein du nouveau Gouvernement de la Défense nationale, Léon Gambetta se distingue par son charisme et sa détermination à poursuivre le combat contre la Prusse et ses alliées

Fervent admirateur de la Révolution française, Gambetta croit pouvoir reproduire la levée en masse de 1793 et chasser du territoire les armées ennemies. 

Après la proclamation de la République, les armées allemandes assiègent Paris. La capitale est coupée du reste du pays à partir du 21 septembre 1870.

Le 7 octobre 1870, Gambetta décide de quitter Paris. Il embarque à bord d’un ballon monté qui s’envole depuis la colline de Montmartre.  Après 6 heures de vents contraires, le ballon s’échoue dans les cimes d’une forêt de l’Oise à 68 km au nord de Paris ! Il réussit à échapper aux patrouilles de uhlans prussiens et à rejoindre Tours par le train. À son arrivée, il s’impose comme ministre de la guerre et organise la défense du territoire.

L’abbé Theuré, curé de Loigny (1862-1906)

Combat de Villepion-Faverolles
Paul-Émile Boutigny (1853-1929)
Huile sur toile

AUTOMNE 1870

La république combattante

Malgré la résistance française, la ville d’Orléans tombe aux mains des Prussiens le 11 octobre.

Partout dans le pays Gambetta décide d’organiser des armées de secours. Au cœur de la Sologne, l’Armée de la Loire est formée. Sa mission est de libérer Orléans puis de se diriger vers Paris. Cette armée est hétéroclite. On  y trouve des soldats rappelés d’Afrique du Nord,  des gardes mobiles, des engagés volontaires… La formation militaire est insuffisante et l’équipement fait défaut. 

Cependant, le 9 novembre 1870, l’armée de la Loire remporte la victoire de Coulmiers contre les troupes bavaroises. Orléans est libéré le même jour. Gambetta pousse ses officiers à se diriger vers Paris. Le 1er décembre 1870, l’aile gauche de l’armée de la Loire remporte une victoire d’avant-garde près du château de Villepion. 

Au soir, les armées prussiennes et françaises se font face à face. Au centre, un petit village beauceron du nom de Loigny.

Les volontaires de l’ouest du colonel de Charette à la bataille de Loigny, le 2 décembre 1870, 1875
Castellani Charles (1838-1913)
Huile sur toile
Paris, musée de l’Armée
Domaine public

2 décembre 1870

La bataille de Loigny

Au matin, les troupes françaises s’élancent à l’assaut des positions prussiennes. Malgré leur vaillance, les combattants français sont repoussés. 

Dans l’après midi, le XVIIe corps du général de Sonis apparaît sur le champ de bataille. L’artillerie française est mise en batterie. Pour la première fois de la journée, les canons français répondent aux canons prussiens. 

Vers 16h, le feu de l’artillerie ennemie provoque un vent de panique dans la ligne de défense française. Pour ramener les fuyards au combat, le général de Sonis décide de charger à la tête d’une petite troupe composée en partie d’anciens zouaves pontificaux commandés par le général de Charette 

L’affrontement militaire devient mystique : une bannière dédiée au Sacré-Cœur de Jésus est déployée. Au son de « Vive la Patrie, vive Pie IX, vive le Sacré Cœur », des hommes chargent en direction des Prussiens supérieurs en nombre. Sévèrement bousculés, les Prussiens se replient avant de reprendre l’avantage.  

La bataille de Loigny se solde par une défaite  mais le sacrifice d’une poignée d’hommes a évité l’anéantissement de l’armée de la Loire

Convoi de blessés pendant la guerre de 1870, 1881
Albert Lebarque (1853-1939) 
Huile sur toile
Musée de la Guerre de 1870 et de l’Annexion, Gravelotte, photo Rebourt

hiver 1870-1871

La longue retraite

Sur le champ de bataille de Loigny, on compte près de 9000 victimes, tués ou blessés. Des convois de blessés et des ambulances s’organisent pour soigner les blessés et accompagner les derniers moments des mourants. 

L’armée de la Loire se replie sur Orléans qu’elle doit abandonner aux Prussiens le 4 décembre 1870.

Une seconde armée de la Loire se forme sous le commandement du général de Chanzy dans la région de Beaugency (Loiret). Elle est poursuivie sans relâche jusqu’à la bataille du Mans du 11 janvier 1871. Partout dans le pays, les Armées formées par Gambetta sont battues les unes après les autres.

L’armée de l’Est est battue à Héricourt, les 15 et 17 janvier. L’armée du Nord est défaite lors de la bataille de Saint-Quentin, le 19 janvier.

La proclamation de l’Empire, 1885
Anton von Werner (1843-1915)
Huile sur toile
Bismarck-Museum, Friedrichsruh

18 janvier 1871

L'Empire Allemand proclamé

C’est dans la galerie des Glaces du château de Versailles qu’a lieu la proclamation de l’Empire Allemand. Pour Bismarck, le choix du lieu est teinté de revanche puisque les peintures de la galerie évoquent les victoires de Louis XIV contre les princes allemands. Pour la première dans l’Histoire, l’Allemagne apparaît sur une carte d’Europe et va dominer le continent pendant plus de 40 ans.Cette proclamation allemande en terre française va, après la guerre, exacerber le patriotisme français et les sentiments anti-allemands.

Après la victoire des alliés en 1918, et pour marquer « la revanche française » Clemenceau impose que le traité de paix soit signé à Versailles dans la galerie des Glaces, à l’endroit même où l’Empire Allemand avait été proclamé 39 ans plus tôt. 

La tache noire, 1885
Albert Bettanier (1851-1932)
Huile sur toile
Deutsches Historisches Museum Berlin

10 mai 1871

LA FRANCE HUMIliée perd l'alsace et la moselle

Après la proclamation de l’Empire allemand, un armistice est signé le 28 janvier. Le 10 mai 1871, la France et l’Allemagne signent le traité de Francfort qui met officiellement fin à la guerre.

L’Alsace et la Moselle sont annexées au nouvel Empire allemand. La France perd 1.5 million d’habitants et 20 % de son potentiel minier et sidérurgique. Le gouvernement français doit verser une indemnité de guerre de 5 milliards  de francs-or (15% de son PIB – 300 milliards d’euros actuels)

Grâce à une souscription et à un emprunt public, l’indemnité de guerre est réglée dès 1873.

Le rêve, 1888
Jean-Baptiste-Édouard Detaille (1848-1912),
Huile sur Toile
Paris, musée d’Orsay

Des conscrits de la IIIe République bivouaquent sur une plaine de Champagne. Les rêves de gloire et de revanche habitent leurs songes. Ce tableau est le reflet de la fièvre « revancharde » qui traverse la France dans les années 1880.

après 1871

le goût de la revanche

L’héroïsme des combattants français est mis en avant. il s’agit de reléguer la défaite au second plan et de préparer les esprits à la revanche. C’est dans cet esprit qu’un premier musée ouvre à Loigny-la-Bataille en 1907.

Dans les écoles, les programmes scolaires sont teintés de patriotisme et d’esprit revanchard. Durant les années 1880, des bataillons scolaires sont créés pour initier les plus jeunes à la pratique militaire.La presse patriotique, l’art et la littérature cristallisent également cette fièvre revancharde. 

Les relations franco-allemandes se normalisent au début du XXe siècle mais la question de l’Alsace-Moselle empêche toute tentative de réconciliation. 

Au début des années 1910, les conflits coloniaux avec l’Allemagne font renaître en France de nombreux sentiments germanophobes. 

La guerre est désormais la seule perspective entre les deux pays.